Blogs: l'ouverture de Microsoft affiche d�j� ses limites

� peine disponible, la plate-forme de cr�ation de blogs de MSN suscite la pol�mique.
Au nombre des critiques: une censure par mots-cl�s, des conditions d'utilisation ambigu�s et une volont� de restreindre son usage aux seuls membres de MSN.

Lanc�e le 1er d�cembre en 15 langues et dans 26 pays, MSN Spaces, la plate-forme de blogs de Microsoft destin� aux utilisateurs grand public, fait d�j� l'objet d'un tir de barrage dans ce qu'on peut appeler la "blogosph�re".

Boing Boing, un blog collectif tr�s influent, a en effet remarqu� il y a quelques jours qu'il �tait impossible, dans le titre du journal web que l'on veut cr�er, d'utiliser certains mots-cl�s, tels que �pornography�, �lolita� et autres gros mots plus ou moins vulgaires.
Nombre d'internautes ont d�s lors tent� de contourner l'interdiction, et d�couverts qu'il �tait, en revanche, possible de cr�er des blogs intitul�s �Fumer du crack: guide pratique � l'intention des ados�,
ou �Chroniques d'une prostitu�e d'entreprise�.

Michael Connolly, "program manager" de MSN Spaces, s'en explique � sur son propre blog �videmment.
Sont effectivement interdits certains termes dans les titres des blogs et des articles, ainsi que dans les URL propos�es: �La m�thode employ�e pour d�tecter les mots profanes est tellement simpliste que nous en rigolons nous m�me. Notre objectif n'�tait pas d'�tre parfaits, mais de se limiter aux contenus offensants�. Un bug, rapidement corrig�, emp�chait �galement l'emploi de ces mots-cl�s dans les commentaires des articles, mais il est tout � fait possible d'y �crire ce que l'on veut, sans risquer d'�tre censur�.

� qui appartient le contenu des blogs?

Les conditions d'utilisation de MSN (qui ne sont pas propres � MSN Spaces) sont elles aussi sujettes � caution.
On y lit en effet que l'utilisateur accorde �� Microsoft l'autorisation d'utiliser, copier, distribuer, transmettre, afficher publiquement, pr�senter publiquement, reproduire, �diter, modifier, traduire et reformater votre Envoi, dans le cadre des Sites Web MSN, et de sous-conc�der ces droits�.

Pour Connolly, c'est pr�cis�ment parce que l'utilisateur est le propri�taire l�gal des contenus qu'il poste sur MSN que les conditions d'utilisation (qu'il envisage de modifier afin de clarifier le propos) pr�voient le droit, pour Microsoft, de pouvoir les republier � d'autres endroits de MSN.
C'est aussi pourquoi la plate-forme s'appelle "MSN Spaces", et non "MSN Blogs"; lanc�e en m�me temps que la version b�ta de Messenger 7, il s'agit en effet pour Microsoft de proposer aux utilisateurs des passerelles entre les diff�rents services de MSN, qu'il s'agisse de Hotmail, de Messenger ou encore de MSN Music, le service d'achat de musique en ligne de la multinationale.

Une solution pour tous? Oui, mais optimis�e pour les membres de MSN

MSN Spaces permet ainsi, non seulement de proposer sa propre "playlist", mais aussi de publier des photos (dans la limite de 10 Mo) ou encore de tenir inform� sa liste de contacts de la mise en ligne d'un nouvel article.
Il est aussi possible de poster par e-mail et t�l�phone mobile, de syndiquer les blogs (m�thode RSS), mais aussi de restreindre la consultation � quelques personnes seulement.

Preuve suppl�mentaire de la volont� d'int�gration totale des blogs � l'int�rieur de l'univers MSN: il est quasi impossible de personnaliser son journal (seuls 15 gabarits sont propos�s, et non modifiables), mais aussi de poster des commentaires pour les non-titulaires de comptes Passport .Net.
Ce qui, avec le traditionnel non-respect de Microsoft des standards du W3C, contribue �galement � irriter nombre d'internautes et blogueurs.

Cela �tant, la cible se veut tr�s grand public, et MSN Spaces vise, pour ce qui est de la France, � concurrencer Skyblog, la plate-forme de la radio Skyrock, qui revendique plus d'un million d'utilisateurs.

Pour info : un Blog

On a souvent tendance � penser qu�un blog n�est qu�un outil de publication.
Un CMS (Content Management System : syst�me de gestion de contenu) qui permet de cr�er facilement un site dynamique et de l�alimenter comme bon nous semble, en quelques clics, sans avoir � se pr�occuper de la technique.
Et, c�est vrai.
Un blog est d�abord un outil simple d�utilisation : une interface en ligne, qui ne n�cessite qu�un mot de passe pour y acc�der, o� il suffit d�indiquer un titre, un message et d�appuyer sur un bouton pour �tre aussit�t lisible sur le web.

Mais r�duire les blogs � des syst�mes de publication revient � passer � c�t� de leur potentiel.
Les blogs agr�gent de nombreuses fonctions - permaliens, hyperliens, blogroll, commentaires, fils de syndication, outils de mesure d�audience, pings, trackbacks (qui permettent d�envoyer, volontairement, de l�information en commentaire d�un article que vous r�f�rencez)�
qui, pour la plupart, existaient auparavant s�par�mment - en un ensemble plus homog�ne, voire �fusionnel".
Et c�est l�interaction de ces fonctions qui fonde en grande partie le succ�s des blogs.

Les blogs pr�figurent un nouveau mode d�utilisation de l�internet, dans lequel les actes d��change, de partage, de communication et de publication se rapprochent et s�organisent dans une sorte de continuit� au travers de laquelle nous manifestons notre identit� en ligne.

Les blogs sont donc beaucoup plus qu�un simple site personnel, car non seulement ils nous repr�sentent sur le web, mais ils fonctionnent aussi comme un �logiciel social� � part enti�re qui d�finit et circonscrit la communaut� �lectronique dont l'on se revendique, � laquelle on appartient.
Ils sont l�expression et la personnification du r�seau.
Ils sont le m�dia o� se retrouve �la� communaut� �lectronique - celle dans laquelle on se reconnais et qui se reconna�t dans ce que l'on �montre� de soi.
Ils s�ins�rent dans un r�seau de liens o� se tisse la d�marche individuelle.

Mais le v�ritable sens des blogs se comprend aussi collectivement.
C�est dans les rapports que les blogs tissent entre eux et dans la facilit� avec laquelle des outils permettent � ces syst�mes de voir qui les r�f�rence ou ce qu�ils r�f�rencent, qu�ils cr�ent la diff�rence.