Les robots bient�t ma�tres des airs ?

Si les drones sont devenus banals, comme on a pu le constater au dernier salon du Bourget, leur pilotage reste am�liorable. Mais on avance, en s'inspirant des oiseaux ou des pionniers de l'aviation�

Depuis quelques minutes, le dirigeable est secou� comme un shaker et il semble bien que les conditions s'aggravent. Il n'y a plus � h�siter : il faut monter. La gouverne de profondeur � fond vers le haut, la saucisse longue de onze m�tres pousse ses moteurs et grimpe. Quelques minutes plus tard, l'engin parvient dans une zone plus calme et en profite pour m�moriser le sol, de plus en plus masqu� par les nuages. Ces rep�res lui seront bien utiles quand il repassera par l�. Z�l�, il �met par radio un rapport � ses amis humains, qui suivent ses p�r�grinations depuis la Terre, � 90 minutes-lumi�re de l�, si loin de Titan.

Cette sc�ne, Alberto Elfes et son �quipe de robotique du Jet Propulsion Laboratory (Pasadena, Californie) la r�vent depuis longtemps et ont largement commenc� � la concr�tiser. Depuis un an, leur dirigeable autonome survole le lac ass�ch� d'El Mirage, en Californie, et am�liore r�guli�rement ses qualit�s de pilote. Et c'est bien avec l'objectif de l'exp�dier sur Titan que l'�quipe l'a pr�sent� le 31 ao�t dernier � la conf�rence de Long Beach (Californie). L'exp�dition pourrait d�coller en 2012 et ce dirigeable pourrait aussi servir sur V�nus, dont l'atmosph�re �paisse conviendrait � ce dirigeable. L'�quipe d'Alberto Elfes n'est pas la seule � imaginer ce genre de solution. "Pour l'exploration de Titan apr�s la mission Cassini, affirme Ralph Lorenz, chercheur au Lunar and Planetary Lab de l'Universit� d'Arizona, le recours � des dirigeables ou des h�licopt�res appara�t tout � fait envisageable."

Au-dessus du lac ass�ch� El Mirage, en Californie, un dirigeable s'�l�ve. Originalit� : il se d�brouille tout seul.

Pilotes hors normes

Le principal probl�me � r�soudre est celui du pilotage d'un engin qui ne peut �tre t�l�command� vu le temps de trajet des �missions radio et qui doit donc se d�brouiller seul. De plus, Titan et V�nus n'�tant pas - encore ? - entour�es d'une constellation de satellites GPS, ce robot doit donc apprendre � naviguer "� l'ancienne", en se rep�rant par rapport au sol.

Pour l'instant, notre pilote bibendum en est � l'apprentissage. Il sait explorer le petit d�sert du lac ass�ch� qui lui sert de terrain d'entra�nement et d�termine lui-m�me son trajet pour trouver diff�rents sites qui lui ont �t� indiqu�s. Il commence � prendre des photos pour se rep�rer mais il s'aide encore d'un r�cepteur GPS.

Selon Alberto Elfes, ce genre d'appareil pourrait servir bien plus pr�s de nous. "Par exemple, a-t-il ajout�, pour r�tablir rapidement un r�seau de t�l�communication d�truit apr�s un d�sastre." La phrase avait quelque chose de dramatiquement pr�monitoire, quelques jours avant l'apocalypse caus�e par l'ouragan Katrina.

Voler comme un oiseau

Apprendre aux machines � mieux piloter est une qu�te incessante pour les inventeurs de drones, qui se multiplient partout, qu'ils soient amateurs, firmes priv�es ou militaires. A la clef, des engins capables de r�aliser des missions compliqu�es, naviguer dans la jungle urbaine ou de se sortir de situations difficiles.

A l'universit� de Floride, une �quipe d'ing�nieurs a mis au point une s�rie de prototypes, de 15 � 70 centim�tres, capables de prouesses qui feraient p�lir d'envie les meilleurs voltigeurs a�riens : ils peuvent se faufiler dans les rues �troites, voire se ruer dans un parking souterrain ou se poser sur un balcon. Le secret ? S'inspirer des go�lands� et des fr�res Wright. Les premiers savent modifier la forme de leurs ailes pour voler lentement ou foncer en piqu� (relisez Jonathan Livingston le go�land) et les seconds, pionniers de l'aviation, ont mis au point un syst�me de torsion d'ailes pour assurer les virages, vite remplac� par les ailerons.

Comme un oiseau, ce drone modifie en vol la forme de ses ailes. Il vire sec et se pose court, suffisamment pour virevolter � l'aise au c�ur d'une ville voire d'un b�timent.

Pour l'instant, ces performances restent th�oriques mais l'US Air Force et la Nasa, excellents bailleurs de fonds, soutiennent activement ce projet. Ils ne sont pas les seuls. Pour tous les fabricants de drones, la question est maintenant de savoir comment faire mieux que les pilotes humains..

source: Futura-Sciences :